Le Smic, anciennement connu sous l’acronyme Smig (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti), a toujours fait l’objet de nombreux débats depuis sa mise en place.

Si les professionnels accusent cette rémunération minimum en hausse constante d’entrainer des effets néfastes sur l’emploi, d’autres acteurs, notamment les syndicats protégeant les travailleurs, estiment que ce salaire destiné à tous les employés de plus de 18 ans, devraient bénéficier d’une meilleure revalorisation pour optimiser le pouvoir d’achat des ménages.

Pour l’année 2022, le Smic a été, une fois de plus, révisé et a connu une nouvelle hausse.

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SMIC HORAIRE NET

La hausse du SMIC de 2016 et les mesures prises par le Gouvernement

Le 1er janvier 2016, la révision annoncée par le Gouvernement français a été appliquée et a permis d’augmenter le Smic de 0,6%, soit une légère hausse de 0,06 € par heure (9,67 € contre 9,61 € en 2015). Pour cette année, les autorités ont essentiellement réalisé une revalorisation réglementaire, sans coup de pouce, ce qui n’a pas été sans déplaire les différents acteurs demandant un Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance nettement plus élevé.

Face à aux légères augmentations annuelles du pouvoir depuis 2012 et aux difficultés rencontrés par les jeunes, le Gouvernement a décidé de mettre des mesures en œuvre pour offrir des compléments de revenu.

L’une des principales dispositions prises par les autorités datent de l’année 2015. En effet, dans un entretien accordé à Canal+, le 19 avril 2015, le président de la République française a annoncé que les jeunes de moins de 25 ans percevant une rémunération équivalente au Smic peuvent effectuer une demande de complément de salaire auprès de leur Caisse d’allocations familiales. Ainsi, les jeunes éprouvant des difficultés peuvent bénéficier d’une prime d’activité, fusionnant le RSA activité et la prime pour l’emploi.

Pour information, sur la base des 35 heures, le montant mensuel brut du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance est passé de 1 457,52 € à 1 466,62 €, en 2016.

L’évolution du SMIC Horaire depuis 2005

salaire minimum horaireDe 2005 à 2016, le montant mensuel brut du Smic a connu une hausse de 248, 74 €. Il est passé de 1 217,88 € à 1 466,62 €. Cependant, les augmentations appliquées par le Gouvernement ne sont pas toujours constantes puisque des coups de pouce ont été réalisés à de nombreuses reprises, pendant cette période.

En 2008, deux hausses ont été appliquées par les autorités. La première augmentation a eu lieu le 1er mai 2008 et la seconde, le 1er juillet 2008. Si le montant de la rémunération minimum a été de 1 308,88 €, l’Etat a décidé de le revaloriser à 1 321,02 € en trois mois.

Suite à cette double hausse, le salaire minimum n’a été révisé que le 1er juillet de l’année suivante. En 2010, la réévaluation du revenu a été fixée au début de chaque année et la hausse a donc eu lieu le 1er janvier.

En 2011, le Gouvernement a appliqué une augmentation au début et en fin d’année. La rémunération brute des travailleurs de plus de 18 ans est passée de 1 365 € à 1 393,82 €, pendant cette période. Le 1er janvier 2012, une hausse de quelques euros a été décidée par les autorités, avant le coup de pouce du mois de juillet qui a porté le montant brut à 1 425,67 €.

Les solutions d’allègement de charges sociales adoptées par l’Etat




Si la mesure annoncée par le président de la République française le 19 avril 2015 a pour objectif d’offrir des compléments de revenu grâce à la prime d’activité, le Gouvernement a également mis en place des solutions visant à amoindrir les charges.

Au début de l’année 2015, les autorités ont décidé de supprimer intégralement les cotisations patronales relevant des Urssaf, pour les salaires équivalents au Smic. Cette disposition a été annoncée par Manuel Valls, lors de son discours de politique générale effectuée le 8 avril 2014.

Hormis la suppression des cotisations patronales, l’Etat a appliqué un autre changement important le 1er janvier 2015 : la baisse du taux de cotisations familiales. Cette baisse est uniquement accessible aux employeurs éligibles à la réduction générale des cotisations dites “Fillon” et est applicable au titres des employés percevant un revenu inférieur à 1,6 fois le montant du salaire minimum.

Le 1er janvier 2016, la mesure a subi quelques modifications afin de prendre en compte les rémunérations inférieures à 3,5 fois le montant du Smic.

Il est à noter que, la baisse issue de ce dispositif a fait passer le taux de cotisations familiales de 5,25% à 3,45%.

Les problèmes issus du SMIC et les propositions pour faire face aux difficultés liées à son niveau

Comme dit précédemment, de nombreux débats sont régulièrement lancés autour du Smic et de son niveau en augmentation constante. Jusqu’à présent, aucun employeur ne peut rémunérer un travailleur en dessous de ce salaire minimum (sauf quelques cas spécifiques) pourtant, il est indéniable que cette rémunération entraine une hausse non-négligeable du coût du travail et a donc des répercussions sur les emplois.

Afin que le revenu minimum ne soit pas une charge trop lourde pour les entreprises, de nombreux acteurs se sont penchés sur des alternatives, mais également sur des réformes permettant de réduire le coût du travail et résoudre les questions liées au chômage.

En juin 2016, le think tank France Stratégie a avancé la possibilité de mettre fin à l’uniformisation du Smic et de mettre en place différents niveau de salaire par âge. Il a également proposé des salaires minimums en fonction des régions, sachant que le coût de la vie n’est pas le même d’une zone à une autre.

L’avenir du Smic

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Dans le document intitulé “La France dans dix ans” élaboré par Jean Pisani Ferry et remis au président de la République le 25 juin 2014, la question du Smic est largement abordée.

Le rapport fait le point sur le niveau du salaire minimum et tente d’attirer l’attention des autorités sur les dangers pouvant découler d’une hausse trop importante. Il affirme que le niveau de la rémunération minimum est exceptionnellement élevé dans l’Hexagone, par rapport au salaire médian.

D’après son auteur, le salaire minimum équivaudrait à 62% celui qui sépare les employés en deux groupes biens distincts, à savoir les salariés qui gagnent plus et ceux qui gagnent moins. Pourtant, toujours selon l’auteur, la moyenne est de 50% dans les pays de l’OCDE.

Tout comme le think tank France Stratégie, Jean Pisani Ferry a proposé des solutions pour endiguer le chômage et trouver une alternative au Smic, dans son document. Pour lui, il est indispensable de donner davantage liberté aux entreprises dans la mise en place d’un salaire minimum. Ainsi, le Smic ne devrait plus représenter qu’un simple “filet de sécurité” pour les travailleurs et son niveau devra donc être revu à la baisse.

Conscient du niveau trop élevé du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance, le président du Medef Pierre Gattaz a, de son côté, émis d’autres recommandations qui permettraient aux branches professionnelles de réduire le coût du travail lors de l’embauche. Il a proposé aux entreprises d’embaucher à 80% du revenu minimum, les adultes devant être formés à de nouvelles activités. D’après lui, les nouveaux travailleurs ne devraient atteindre le taux plein qu’après une période allant de 18 à 24 mois.

Malgré les propositions du Medef, de France Stratégie et des acteurs tels que Jean Pisani, il semblerait que le Gouvernement français ne soit pas encore prêt à réaliser de grands changements au niveau du Smic, dans les années à venir. En effet, dans la réforme du droit du travail, il a clairement affirmé que la rémunération minimum est un “principe indiscutable” qu’on ne devrait pas toucher.